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Prix du concours de la Francophonie de NICE

27 mars 2015

Le gaulois gallinacé défend le Français

 

Un coq gaulois doré, d’une modeste taille,

Gîtait dans poulailler grandement structuré.

Un soir où les hiboux venaient livrer bataille,

Son petit1 palais vint alors l’alerter.

La nuit tomba, Grand Duc s’approche :

Et le coq, dépité, crie son besoin d’espace.

Le grand roi de la forêt lui fait face

Agrippant dans ses pattes un rongeur qu’il embroche :

 

« Bien le bonsoir, ami du jour !

Tu parais attristé,  est-ce là l’obscurité ?

Puissant je suis, faible tu es,

Vas-tu quitter ta basse-cour 2 ?

Rejoins la société commune,

Il faut te rallier au peuple de la lune ! »

À ces mots, s’affranchir de la sujétion

Semble être l’unique solution

Aux yeux de l’animal chagrin.

Longtemps l’oiseau régna, et le coq le rejoint :

Le premier enseigna, inocula,

Et le second assimila.

Le coq vint s’imprégner d’un langage usuel,

De manières simplistes, de méthodes triviales.

Il apprit à voler, à déployer ses ailes,

Dérober les Français devint alors banal.

S’arrogeant le mérite, avec afféterie,

D’un grand pouvoir universel,

Les oiseaux de nuit jetèrent le jour dans l’oubli.

Le bruit s’en répandit et touchant les oiselles,

Les vieilles traditions laissèrent place aux nouvelles.

Mais il fut déjà bien trop tard,

Quand le coq dessillé, frappé de ses erreurs,

Réalisa le cauchemar,

Piégé par les ténèbres, figé dans sa torpeur,

Où le Grand Duc l’avait fait prisonnier.

Constatant la perte de l’authenticité,

Et la disparition des règles d’antan,

Le gaulois enfermé avait perdu son temps.

Il regrettait encor’ le siècle des lumières

Où les petits poulets caquetaient en paix,

Où le français était la langue première :

De nouveau, elle se faisait guillotiner.

Quand Mnémosyne3, l’intelligence incarnée,

Préservait la Mémoire

Du langage qui n’aimait pas le noir,

Nyx4 engendrait sa mort, Thanatos5 le maudit.

Et c’est ainsi que le rapace fit,

Son utilisation, il abolit :

Un coq condamné, psychiques intempéries !

Plus d’un Voltaire à la plume raffinée,

Se vit servir aux rapaces de dîner.

Dans la basse-cour plus de Gaulois :

Le peuple du nord l’a surplombée d’effroi.

Seul avant la dégustation,

Tout résigné et sans appréhension,

Sous le ciel veuf d’un soleil mort,

Le coq se prit à espérer,

Conscient de son inanité,

Un miraculeux retour de l’aurore.

 

 

 

Tirons une leçon de sa triste aventure,

Préservons le français, redoutons son usure,

Tâchez de préférer la singularité,

La richesse des traditions ;

Occire facilité,

Complexité promouvons,

N’abâtardissons point l’art de cette langue

Comme les Anciens avaient fait au Latin,

Apprenez le français  qui irrigue

L’esprit. Mes efforts ne doivent être vains !

L’acmé du savoir est dans ce cocorico,

Vos ! Reflecti !6 C’était mon dernier mot.

 

 

                                                                                  Violian Slufico Ettlyn.  

 

 

Notes :

 

:  La basse-cour représente la France,  le français est bien moins présent dans le monde que l’anglais (La forêt de l’oiseau), d’où l’adjectif « petit ».

: Jeu de mots avec cour à  cour du roi,  stéréotype de l’élite française.

: Déesse de la Mémoire qui conçut les muses.

: Déesse de la nuit, une des premières divinités issues du chaos primordial.

: Dieu de la mort qui préfigure la mise à mort du coq.

: Réfléchissez, en latin !

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